
Contrairement à l’idée reçue, la clé d’une visite de musée réussie n’est pas de tout voir, mais de transformer l’institution en votre terrain de jeu personnel.
- Abandonnez la visite chronologique au profit de parcours thématiques basés sur vos propres centres d’intérêt (une couleur, une émotion, un motif).
- Utilisez les œuvres non pas comme des monuments à admirer, mais comme des points de départ pour des explorations personnelles et des connexions inattendues.
Recommandation : Choisissez un seul thème ou une seule question avant d’entrer, et laissez-vous guider par votre curiosité. C’est en vous perdant intentionnellement que vous vous trouverez vraiment.
Vous est-il déjà arrivé d’entrer dans un grand musée, comme le magnifique Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), et de vous sentir immédiatement submergé ? Face à des milliers d’œuvres, des siècles d’histoire et des couloirs qui semblent s’étirer à l’infini, une petite voix intérieure murmure : « Par où commencer ? Vais-je passer à côté de l’essentiel ? ». Cette sensation, mélange d’intimidation et de « syndrome de l’imposteur culturel », est parfaitement normale. Beaucoup tentent de la combattre avec des stratégies classiques : essayer de tout voir, suivre scrupuleusement le plan, ou se ruer vers les « chefs-d’œuvre » signalés pour être certain de ne rien manquer d’important.
Ces approches, bien qu’intentionnelles, mènent souvent à la frustration et à une fatigue autant visuelle qu’intellectuelle. On ressort avec l’impression d’avoir coché des cases, mais sans avoir véritablement tissé un lien avec ce que l’on a vu. Mais si la véritable solution n’était pas de mieux s’organiser, mais de lâcher prise ? Si, au lieu de subir un parcours, vous appreniez à créer le vôtre ? La clé pour apprécier un musée encyclopédique n’est pas de le conquérir, mais de jouer avec lui. Il s’agit de troquer le rôle de l’étudiant studieux pour celui de l’explorateur curieux, qui suit des pistes invisibles et crée des connexions qui n’appartiennent qu’à lui.
Cet article n’est pas un guide de plus sur « les incontournables ». C’est une invitation à changer de perspective. Nous allons vous montrer comment transformer le musée en un fascinant terrain de jeu, en vous proposant des parcours thématiques originaux et décomplexés. Vous apprendrez à suivre la piste d’une lumière, à décoder des symboles anciens, à redécouvrir des artistes oubliées et même à enfin vous réconcilier avec l’art abstrait. Préparez-vous à ne plus jamais visiter un musée de la même manière.
Pour naviguer à travers ces nouvelles approches de visite, voici les différents parcours que nous vous proposons d’explorer. Chacun est une invitation à porter un regard différent sur les trésors que recèle le musée.
Sommaire : Votre boîte à outils pour une exploration artistique personnelle
- Un fil invisible dans le musée : suivez la piste de la lumière de Rembrandt à aujourd’hui
- Le safari du musée : le jeu de piste pour faire aimer l’art aux enfants
- Dis-moi comment tu te peins, je te dirai qui tu es : l’évolution du portrait à travers les collections
- 5 femmes artistes que l’histoire de l’art a oubliées (mais pas le musée)
- L’art abstrait pour les nuls : le guide pour enfin comprendre (et aimer) ce que vous regardez
- Les 10 trésors du Musée des beaux-arts que vous ne devez absolument pas manquer
- Comment lire un mât totémique : le guide pour comprendre l’art le plus spectaculaire de la Côte Ouest
- Le guide pour une visite parfaite du Musée des beaux-arts de Montréal
Un fil invisible dans le musée : suivez la piste de la lumière de Rembrandt à aujourd’hui
L’une des manières les plus poétiques de s’approprier un musée est de suivre un fil rouge thématique. Oubliez les époques et les courants artistiques, et concentrez-vous sur un seul élément : la lumière. Comment les artistes l’ont-ils capturée, sculptée, réinventée ? Commencez votre parcours devant un portrait de Rembrandt. Observez ce clair-obscur si caractéristique, où le visage émerge de l’ombre, créant une intensité psychologique palpable. Gardez cette sensation en tête et partez à la recherche de ses échos à travers les siècles.
Votre quête pourrait vous mener vers les paysages impressionnistes, où la lumière n’est plus un projecteur mais une vibration colorée qui dissout les formes. Puis, faites un saut jusqu’à l’art moderne. Le MBAM, par exemple, possède une collection majeure d’œuvres des Automatistes québécois. Ces artistes, comme le démontre une analyse du parcours virtuel du musée, ont brillamment réinterprété les contrastes dramatiques des maîtres anciens dans un langage abstrait et gestuel. Une toile de Paul-Émile Borduas n’est plus une scène éclairée, mais la lumière et l’ombre devenues sujet principal. L’étude de cas sur la réinterprétation du clair-obscur par les Automatistes montre comment ce mouvement a transposé cet héritage classique.
Ce jeu de piste ne se limite pas aux toiles. Levez les yeux. L’architecture même du musée joue avec la lumière, créant des atmosphères changeantes et des dialogues inattendus avec les œuvres. La lumière devient votre guide personnel, tissant des liens invisibles entre des artistes que tout semble opposer. C’est une expérience de visite profondément sensorielle et personnelle.

Comme on peut le voir, la lumière n’est pas qu’un simple éclairage ; elle devient un matériau, une présence qui sculpte l’espace et dirige notre regard. En suivant cette piste, vous ne faites pas que regarder des œuvres, vous apprenez à voir le dialogue constant entre l’art, l’architecture et la lumière naturelle.
Le safari du musée : le jeu de piste pour faire aimer l’art aux enfants
Visiter un musée avec des enfants peut vite tourner au cauchemar si l’on s’en tient à une approche traditionnelle. Le silence imposé, les longues explications et l’interdiction de toucher créent un environnement peu engageant pour les plus jeunes. La solution ? Transformer le musée en un immense terrain de jeu, une sorte de safari où les œuvres deviennent des créatures à débusquer. L’objectif n’est plus d’apprendre des dates, mais de développer un super-pouvoir : l’observation.
Avant d’entrer, définissez une mission. Par exemple : « Trouver tous les animaux cachés dans les tableaux » ou « Repérer la couleur rouge sur le plus d’œuvres possible ». Cette approche ludique change radicalement la dynamique. Les enfants ne subissent plus la visite, ils en sont les héros. Le MBAM l’a bien compris avec sa plateforme ÉducArt, un programme qui propose des activités pour lier l’art à d’autres matières. Comme le montre le projet ÉducArt et ses 75 capsules vidéo avec des personnalités québécoises comme Simon Boulerice et Kim Thúy, l’objectif est de rendre l’art vivant et interactif. Vous pouvez vous inspirer de cette philosophie pour créer votre propre aventure.
Le « safari » peut prendre de multiples formes : chercher des émotions (trouver le personnage le plus triste, le plus joyeux), des textures (quelle œuvre a l’air la plus douce, la plus rugueuse ?), ou même jouer au détective en essayant d’imaginer l’histoire derrière une scène. L’art devient alors une source infinie de récits et de jeux, et le musée, un lieu d’émerveillement partagé plutôt qu’une corvée culturelle.
Mission Safari MBAM : 5 défis pour jeunes explorateurs
- Chasse aux animaux : Trouvez 3 animaux typiquement canadiens dans les œuvres (indice : cherchez un castor, un orignal et un huard).
- Jeu d’échelles : Localisez la plus petite et la plus grande œuvre d’art dans un même pavillon et dessinez rapidement leur silhouette pour comparer.
- Concours de chapeaux : Comptez tous les chapeaux bizarres dans les portraits du 18e siècle et votez en famille pour le plus extravagant.
- Statues vivantes : Imitez 3 poses différentes de statues et prenez une photo souvenir (en respectant une distance sécuritaire avec les œuvres !).
- Conte inuit : Dans la collection d’art inuit, choisissez un personnage sculpté et inventez à voix haute la courte histoire de sa journée.
Dis-moi comment tu te peins, je te dirai qui tu es : l’évolution du portrait à travers les collections
Un autre parcours thématique fascinant consiste à se concentrer sur un seul genre : le portrait. En suivant l’évolution de la façon dont les gens se sont fait représenter, on ne découvre pas seulement des styles artistiques, mais aussi les valeurs, les angoisses et les aspirations de toute une société. C’est un véritable voyage dans le temps et dans la psyché humaine. Au lieu de vous disperser, décidez de ne suivre que les visages. Que racontent-ils ?
Commencez en Nouvelle-France, où les portraits sont rigides, officiels. Ils ne montrent pas une personne, mais un statut : un ecclésiastique, un gouverneur. Leur fonction est d’affirmer le pouvoir et la foi. Avancez ensuite vers le 19e siècle. Les visages s’animent, les décors deviennent plus personnels. Le bourgeois prospère veut montrer sa réussite, non plus seulement sa piété. On voit apparaître des objets du quotidien, des signes de richesse matérielle. L’individu commence à poindre derrière la fonction sociale. La richesse des collections, comme la nouvelle présentation du design qui réunit 800 œuvres, montre à quel point un musée peut être un réservoir d’indices sur l’évolution des mentalités à travers les objets et les représentations.
Le véritable tournant s’opère avec la modernité. Le portrait devient psychologique. Les artistes ne cherchent plus à flatter leur modèle, mais à sonder son âme. Les expressions se font plus intimes, plus complexes. Enfin, à l’époque contemporaine, le genre explose : l’anti-portrait, le visage fragmenté, l’autoportrait qui questionne l’identité même. Suivre ce fil rouge, c’est assister en direct à la naissance de l’individu moderne.
| Époque | Style dominant | Fonction sociale | Éléments distinctifs |
|---|---|---|---|
| Nouvelle-France (1608-1760) | Portrait religieux et officiel | Affirmer le pouvoir et la foi | Poses rigides, symboles religieux, habits d’apparat |
| Régime britannique (1760-1867) | Portrait bourgeois | Montrer la réussite commerciale | Décors domestiques, objets de métier, vêtements à la mode européenne |
| Modernité (1900-1960) | Portrait psychologique | Explorer l’identité individuelle | Expressions intimes, poses naturelles, arrière-plans simplifiés |
| Contemporain (1960-aujourd’hui) | Anti-portrait et autoportrait | Questionner l’identité | Visages fragmentés, corps absents, médiums mixtes |
5 femmes artistes que l’histoire de l’art a oubliées (mais pas le musée)
L’histoire de l’art, telle qu’elle a longtemps été écrite, est une histoire majoritairement masculine. De nombreuses femmes artistes talentueuses ont été éclipsées, minimisées ou simplement oubliées. Créer un parcours de « réhabilitation » est une manière engagée et profondément enrichissante de visiter un musée. Il s’agit de chercher activement celles que l’on ne nous a pas appris à voir, et de leur redonner leur juste place dans notre propre panthéon artistique.
Le Canada, et le Québec en particulier, a vu naître des créatrices exceptionnelles qui ont marqué leur temps avant que le canon ne les relègue au second plan. Une visite au MBAM peut ainsi devenir une quête pour retrouver leurs œuvres et comprendre leur contribution. Ce parcours n’est pas seulement un acte de justice historique ; il offre un regard neuf sur des périodes que l’on croyait connaître. On découvre alors que les mouvements artistiques étaient bien plus divers et polyphoniques qu’on ne l’imaginait. C’est une façon de déconstruire le grand récit officiel pour en apprécier les chapitres cachés.
Ce type de visite thématique transforme votre expérience. Vous n’êtes plus un simple consommateur d’images, mais un enquêteur qui redessine activement la carte de l’histoire de l’art. C’est une démarche qui donne du sens et une profondeur nouvelle à chaque œuvre découverte.
- Arrêt 1 : Prudence Heward. Au cœur des années 1920-30, elle peignait des portraits de femmes puissantes et modernes qui défiaient toutes les conventions de l’époque. Cherchez leur regard direct et leur posture assurée.
- Arrêt 2 : Emily Carr. Souvent associée au Groupe des Sept, son travail est unique. Explorez ses paysages visionnaires de la Colombie-Britannique et, surtout, la manière respectueuse et profonde dont elle a représenté l’art et les villages des Premières Nations de la Côte Ouest.
- Arrêt 3 : Rita Letendre. Figure majeure du mouvement automatiste, son travail abstrait, vibrant d’énergie et de lumière, n’a rien à envier à celui de ses confrères masculins plus célèbres comme Riopelle.
- Arrêt 4 : Marcelle Ferron. Autre signataire du Refus Global, elle est connue pour ses toiles gestuelles, mais aussi pour son travail monumental du vitrail, qui a intégré l’art abstrait dans l’espace public québécois.
- Arrêt 5 : Les artistes inuites contemporaines. Au-delà des pionniers, une nouvelle génération de femmes sculpteures et graveuses comme Annie Pootoogook ou Shuvinai Ashoona racontent la vie dans le Nord avec une honnêteté et une créativité désarmantes.
L’art abstrait pour les nuls : le guide pour enfin comprendre (et aimer) ce que vous regardez
S’il y a bien une section du musée qui intimide, c’est celle de l’art abstrait. Face à une toile qui ne « représente rien » de reconnaissable, le visiteur non initié se sent souvent perplexe, voire agacé. La phrase « mon enfant pourrait en faire autant » est le symptôme d’un malentendu fondamental. Pour apprécier l’art abstrait, il faut accepter de changer de mode de lecture. Il ne faut pas chercher à comprendre avec sa tête, mais à ressentir avec ses émotions.
L’abstraction est un langage direct qui parle à nos sens. Au lieu de vous demander « Qu’est-ce que c’est ? », posez-vous d’autres questions : « Quelles émotions cette œuvre éveille-t-elle en moi ? De l’énergie, du calme, de la joie, de l’angoisse ? ». Observez les éléments purs : les couleurs sont-elles chaudes ou froides ? Les lignes sont-elles agressives ou douces ? La composition est-elle chaotique ou harmonieuse ? C’est en décrivant objectivement ce que vous voyez que vous commencerez à dialoguer avec l’œuvre.
Le Québec a une histoire riche avec l’abstraction, notamment avec le mouvement des Automatistes et le manifeste du Refus Global en 1948. Comme le montre l’étude de ce mouvement au MBAM, des artistes comme Paul-Émile Borduas ou Jean-Paul Riopelle ont utilisé le geste spontané et la matière pour exprimer une soif de liberté, en rupture avec la société conservatrice de l’époque. Comprendre ce contexte historique peut donner des clés, mais l’essentiel reste l’expérience personnelle face à la toile. L’art abstrait est une invitation à faire confiance à votre propre sensibilité.
Votre plan d’action pour aborder une œuvre abstraite
- Décrire objectivement (Le « Quoi ») : Prenez 30 secondes pour lister mentalement ce que vous voyez, sans interpréter. « Je vois une grande tache rouge, des lignes noires épaisses, des éclaboussures jaunes, une texture rugueuse. »
- Identifier l’émotion (Le « Ressenti ») : Laissez l’œuvre agir sur vous. Quelle est la première émotion qui vous vient ? Énergie, confusion, paix, dynamisme ? Ne jugez pas votre ressenti, il est toujours valide.
- Analyser la technique (Le « Comment ») : Rapprochez-vous (prudemment !) et observez comment l’artiste a travaillé. Coups de pinceau visibles ? Peinture projetée ? Spatule ? Collage ? La technique est une partie intégrante du message.
- Chercher le rythme : Essayez de suivre le mouvement de l’œuvre avec vos yeux. Où votre regard est-il attiré en premier ? Où va-t-il ensuite ? L’artiste a composé sa toile pour guider votre regard.
- Lire le cartel en dernier : Une fois que vous avez eu votre propre expérience, lisez le cartel. Le titre, la date et le nom de l’artiste viendront enrichir ou contredire votre première impression, créant un dialogue fascinant.
Les 10 trésors du Musée des beaux-arts que vous ne devez absolument pas manquer
Toute tentative de lister les « incontournables » d’un musée est à la fois nécessaire et un peu vaine. Nécessaire, car elle offre des points de repère dans un océan d’œuvres. Vaine, car la notion de « trésor » est profondément subjective. Plutôt qu’une liste de cases à cocher, voyez cette sélection comme une série de portes d’entrée. Chacune de ces œuvres est un point de départ potentiel pour l’un de vos parcours personnels. Un portrait peut vous donner envie d’explorer l’évolution de ce genre ; une sculpture peut vous inciter à chercher d’autres œuvres du même matériau.
L’erreur serait de courir d’un « trésor » à l’autre sans prendre le temps de respirer. L’art de la visite réside dans la capacité à s’arrêter. Parfois, le plus grand trésor n’est pas l’œuvre la plus célèbre, mais un détail qui vous captive. Cela peut être la texture d’une pierre, le plissé d’un vêtement en marbre, ou un reflet dans le regard d’un personnage peint. En vous autorisant à être séduit par ces détails, vous vous appropriez véritablement la collection.
L’illustration ci-dessous montre un détail d’une sculpture inuite. Le véritable trésor, ici, n’est pas seulement la forme générale de l’œuvre, mais la myriade de marques d’outils, la manière dont la lumière joue sur la stéatite polie. C’est dans cette intimité avec la matière que réside une grande partie de l’émotion artistique. C’est un parfait exemple de ce qu’il faut chercher au-delà de la simple reconnaissance d’une œuvre « célèbre ».

Ces « incontournables » sont donc moins une destination qu’une invitation au voyage. Utilisez-les comme des boussoles pour vous orienter, mais n’hésitez jamais à quitter le sentier balisé pour explorer un chemin qui n’attire que vous.
Comment lire un mât totémique : le guide pour comprendre l’art le plus spectaculaire de la Côte Ouest
Face à un mât totémique, l’émerveillement est souvent immédiat, mais la compréhension plus ardue. Ces sculptures monumentales des Premières Nations de la Côte Ouest (comme les Haïdas, Kwakwaka’wakw ou Tsimshian) ne sont pas de simples décorations. Ce sont des livres d’histoire, des actes de propriété, des arbres généalogiques et des récits mythologiques sculptés dans le cèdre. Apprendre quelques clés de lecture transforme radicalement l’expérience et permet de passer de l’admiration passive à une véritable lecture culturelle.
La première chose à savoir est qu’un mât se lit généralement de bas en haut. Les figures les plus importantes ou les ancêtres fondateurs d’un clan se trouvent souvent à la base. Chaque animal ou figure humaine n’est pas choisi au hasard ; il représente un emblème familial (un « crest »), un esprit gardien, ou un personnage d’une histoire fondatrice. Reconnaître ces figures est la première étape du décodage. Le Corbeau, par exemple, est souvent le Créateur ou le « Trickster » (le filou), tandis que l’Aigle symbolise le prestige et la vision.
Les couleurs, traditionnellement obtenues à partir de pigments naturels, ont aussi leur importance. Le noir, le rouge et le bleu-vert sont les plus courantes et portent des significations symboliques fortes liées à la terre, au sang (la vie) et au ciel ou à l’eau. En combinant ces quelques règles, vous commencerez à voir non plus un enchevêtrement de formes, mais un récit cohérent et profondément ancré dans une vision du monde.
- Lecture de bas en haut : Les figures du bas sont souvent les plus anciennes ou les plus fondatrices dans l’histoire racontée par le mât.
- Identification des animaux emblématiques : Chaque animal a une signification précise. Le Corbeau est un créateur, l’Aigle un chef, l’Orque un gardien et l’Ours un guérisseur.
- Repérage des figures humaines : Elles ne sont pas anonymes. Elles racontent des histoires de lignées familiales spécifiques ou commémorent des événements historiques importants.
- Compréhension des couleurs : Les couleurs traditionnelles (rouge, noir, bleu-vert) ne sont pas seulement esthétiques ; elles sont chargées de symbolisme lié aux éléments naturels et à la vie.
Pour aller plus loin, ce tableau résume les significations des animaux les plus fréquemment représentés.
| Animal | Nations associées | Signification principale | Attributs symboliques |
|---|---|---|---|
| Corbeau | Haïda, Tlingit | Créateur et transformateur | Intelligence, ruse, changement |
| Aigle | Kwakwaka’wakw, Tsimshian | Chef et messager spirituel | Vision, leadership, connexion divine |
| Orque | Haïda, Nuu-chah-nulth | Gardien des océans | Force, voyage, famille |
| Ours | Toutes les nations côtières | Guérisseur et protecteur | Force physique, médecine, introspection |
À retenir
- La clé d’une visite réussie est d’abandonner l’idée de tout voir pour adopter une approche personnelle et thématique.
- Transformez le musée en terrain de jeu en vous lançant des défis d’observation (suivre une couleur, un motif, un animal).
- Faites confiance à votre ressenti, notamment face à l’art abstrait : l’émotion prime sur la compréhension intellectuelle.
Le guide pour une visite parfaite du Musée des beaux-arts de Montréal
Après avoir exploré différentes manières de vous approprier le musée, synthétisons comment orchestrer une visite « parfaite ». La perfection, ici, ne signifie pas l’exhaustivité, mais une expérience riche, personnelle et sans stress. La première étape est d’accepter l’immensité du lieu. Le MBAM abrite une collection encyclopédique de près de 47 000 œuvres, réparties dans plusieurs pavillons. Vouloir tout voir en une journée est le plus sûr moyen de n’apprécier rien du tout.
La stratégie gagnante est la frugalité : choisissez un seul pavillon ou un seul thème par visite. Donnez-vous une limite de temps, 90 minutes par exemple, et tenez-vous-y. Cette contrainte vous forcera à faire des choix et à vous concentrer sur ce qui vous attire vraiment. Le musée lui-même encourage cette approche thématique, comme le prouve la refonte de son parcours design. Comme le souligne Rachel Gotlieb, historienne du design et commissaire de cette nouvelle présentation, dans une entrevue pour le magazine Fugues :
Cette présentation vise à approfondir et à actualiser notre compréhension du design. Elle révèle comment les objets — de l’artisanat au design industriel — accompagnent l’évolution des sociétés et façonnent notre quotidien avec toujours plus de créativité et d’inventivité.
– Rachel Gotlieb, Fugues
Cette vision, qui privilégie les connexions et les récits à la simple accumulation, doit devenir votre propre philosophie de visite. Pour la logistique, quelques astuces peuvent grandement améliorer votre confort. Le MBAM est composé de plusieurs pavillons reliés par des passages souterrains, une bénédiction pour éviter de sortir dans le froid l’hiver ou la chaleur l’été. Pensez également à optimiser votre budget en profitant des accès à tarif réduit ou gratuits selon les jours et votre statut. Finalement, la visite parfaite est celle qui vous ressemble, celle où la curiosité l’emporte sur l’obligation, et l’émerveillement sur la fatigue.
- Un pavillon à la fois : Concentrez-vous sur un seul pavillon pour une visite d’environ 1h30, pour éviter la saturation.
- Utilisez les passages souterrains : Optimisez vos déplacements entre les pavillons Jean-Noël Desmarais, Michal et Renata Hornstein, Claire et Marc Bourgie, et Liliane et David M. Stewart.
- Planifiez malin : Profitez du mercredi soir pour un tarif réduit et d’une ambiance souvent plus calme, ou du mardi matin pour l’accès gratuit réservé aux 65 ans et plus.
- Téléchargez l’application mobile : Avant votre arrivée, installez l’application du MBAM pour avoir le plan interactif et les audioguides à portée de main.
Maintenant que vous disposez de toutes ces clés, la seule étape restante est la plus excitante : choisir votre premier parcours et vous lancer. Votre prochaine visite au musée ne sera plus une épreuve, mais une aventure dont vous êtes le seul héros.